lundi 17 octobre 2011

Mélenchon, un keynésien d’hier

Interrogé lundi 17 octobre sur France Info, Jean-Luc Mélenchon affirmait : « C’est quand même incroyable de voir qu’on passe pour un révolutionnaire quand on est simplement keynésien ; où on dit il faut partager, c’est ça qui va faire respirer l’économie. » Le leader du Front de Gauche défend dans son programme une taxation du capital à hauteur de celle du travail et « une augmentation des recettes [de l’État], en prenant à ceux qui ont beaucoup. » Toujours selon Jean-Luc Mélenchon, cette augmentation des recettes permettra de valider une politique publique active. Mais ce programme correspond-t-il à une politique keynésienne ?
Les politiques économiques dites keynésiennes partent du postulat que le marché ne conduit pas à l’optimum économique. Afin de parer ses accrocs, la puissance publique se doit d’intervenir pour protéger l’équilibre général. Pour ce faire, le gouvernement doit alors pratiquer une politique budgétaire expansionnisme, c’est-à-dire de combler, par la dépense publique, le déficit d’utilisation du potentiel économique. Autrement dit, passer d’un équilibre bas (faible demande, faible offre, chômage et sous-utilisation du capital, moral en berne conduisant à des anticipations négatives) à un équilibre haut (plein emploi, demande et offre plus forte, anticipations positives restaurant la croissance)
Création de déficit
Les outils à la disposition de la puissance publique pour mettre en place ce type de politique sont multiples. Les minima sociaux et le Smic peuvent être un moyen de relancer la demande des ménages les plus fragiles, mais peuvent aussi obliger les entreprises à augmenter leurs prix pour faire face à cette hausse de leur charge.
L’État peut aussi favoriser l’innovation, et investissement, via des mesures incitatives telles que des défiscalisations, une diminution de l’Impôt sur les sociétés. Cette mesure a néanmoins eu que peu de retombées malgré des systèmes multiples d’aides et des organismes de financement largement doté (Oséo).
Enfin, un État peut jouer sur le taux directeur de la banque centrale pour inciter à la consommation ou à l’épargne. Cet outil n’est plus aujourd’hui à la disposition des gouvernements de l’Euroland. La banque centrale européenne décidant seule de la politique économique de la zone.
Il ne reste donc que peut de possibilité à Jean-Luc Mélenchon pour mettre en place son programme. En premier lieu la dépense publique qui contrairement à ce que prône la théorie, ne pourra pas s’appuyer sur une création de déficit. La France ne pouvant pas raisonnablement creuser encore son déficit. Le leader de gauche ne pourra donc financer son programme qu’avec des recettes fiscales nouvelles qui, même si elles sont importantes pourront difficilement supporter un vaste plan de relance basé une stimulation de la demande.
Cette politique sera d’autant moins favorable à l’économie française si elle n’est pas mise en place en concertation avec autres membres de l’Euroland. (voir Démondialisations ou des mondialisations).
Entièrement interdépendantes
Jean-Luc Mélenchon appuie bien son programme sur des éléments constitutifs de la politique keynésienne, mais il fait face à un large problème pour le mettre en application. Les économies européennes et mondiales sont aujourd’hui entièrement interdépendantes. La mise en place d’une politique économique nécessite par conséquent d’être lancée en concertation pour ne pas risquer de voir ses bénéfices se volatiliser. L’exemple du plan de relance de 1981 l’atteste… Jean-Luc Mélenchon devra donc d’abord s’entendre avec l’Europe avant de mettre en place sa relance. Une idée défendue par Arnaud Montebourg.
Pierre Silvain

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