vendredi 24 août 2012

À qui le Tour ?


Tout l’intérêt des compétitions sportives, pour un spectateur ou un téléspectateur, réside dans un grand principe général : le classement. Podiums, médailles, coupes, derniers carrés, etc. Ce vocabulaire si cher aux commentateurs sportifs est au cœur du phénomène qui rassemble des millions, parfois des milliards de personnes autour des grandes messes sportives telles que les JO, le Mondial de foot ou de rugby…
Mais cet édifice complexe qui fait « la beauté du sport » et fascine le supporteur d’un jour ou d’une vie est fragile. Il repose au final sur une seule certitude que partage compétiteurs et spectateurs : l’équité. Dès lors que cette certitude est mise à mal, que le doute se faufile dans la tête de ceux qui admire les sportifs, la discipline en question est condamnée à subir le doute, les supputations et la mise au ban du monde du sport.
L’équité dans le sport, c’est la méritocratie à l’école, c’est l’ascenseur social dans la République. C’est ce qui permet à tous de pouvoir se dire : « quand on veut on peut ». En son absence, l’intérêt de ce sport tombe car le sentiment de vivre une chose qui était écrite à l’avance supplante le spectacle.
Par conséquent, nous pouvons sans risque annoncer la mort du cyclisme sur route. La chute de Lance Armstrong plonge en effet ce sport dans les abîmes du mensonge et de l’indigence. Il faut désormais remonter à 1995 et la victoire d’Indurain pour retrouver un tour qui serait remporté « à la régulière ». Depuis, seule la victoire de Carlos Sastre en 2008 semble juste. Comment faire vivre une compétition et un sport quand, sur 14 années de compétition, une seule offre suffisamment de preuve pour qu’on le considère juste et équitable. Il convient d’ailleurs d’attendre quelques années avant de juger celles de 2011 et 2012.
Les fleurs, les maillots jaunes, les portraits grandiloquents de la presse… Tout cela par au caniveau. Comment ne pas regarder la Grande Boucle sans un petit sourire caustique voir sarcastique désormais. Chaque victoire, chaque exploit sera celui du doute sur l’équité. La confiance est aujourd’hui définitivement rompue.
Le cas Armstrong n’est d’ailleurs le coureur qui cache le peloton. Car dès lors que l’on essaie de savoir qui serait le vainqueur des Tours de France 96 à 2010, l’on se retrouve en face d’une liste de cycliste qui ont tous mouillé de près ou de loin dans des avec de dopage. Il faut parfois remonter le classement jusqu’à la 7e place pour trouver un coureur à peu près propre.

jeudi 1 mars 2012

« Touchez-moi mon Roi ! »

Il y a trois cent ans, alors que le roi Soleil régnait sur la France, certains de ses sujets ont sans doute espéré le passage de son altesse dans leur ville afin de pouvoir, peut-être, le toucher et bénéficier ainsi du miracle divin de guérison des écrouelles dont le roi de France avait le monopole. Trois siècles plus tard, nous pouvons nous apercevoir que cette croyance, tant par une partie de la population que par le roi ou les candidats du trône, existe toujours.
Lancé dans la campagne électorale, le président de la République a visiblement opté pour un vaste programme de guérison des écrouelles contemporaines. Après Lejaby, après Photowatt, il annonce aujourd’hui (1er mars) le redémarrage du haut fourneau de Florange pour le deuxième semestre… Après le scrutin. Grâce à sa divine action, il sauve du chômage des centaines, peut-être même des milliers de salariés. Des individus qui en repartant travailler le cœur un peu moins lourd apprécieront l’action présidentielle. Des hommes et des femmes qui sauront, dans les mois à venir, se faire les porte voix de notre Président. Et cela peut se comprendre
 Missions préfectorales
Face à cette politique du cas par cas (que l’on ne pourrait pas critiquer dans un pays comme Monaco ou le Lichtenstein) il convient de s’interroger sur ce que peut tirer l’intérêt collectif de ces actions micro-économiques. À vrai dire, pas grand-chose. En effet, ce type d’action que l’ont pourrait qualifier de missions préfectorales n’a pas de sens dans le un cadre d’une politique économique, industrielle ou même de l’emploi à l’échelle du pays.
Réjouissons nous pour ces centaines de personnes qui ne connaîtrons pas (tout de suite) le chômage. Réjouissons- nous que leurs entreprises aient tenu jusqu’au milieu de la campagne présidentielle. Réjouissons-nous que leurs délégués syndicaux aient eu une vraie démarche de médiatisation de leur cas. En revanche nous pouvons nous affliger que notre campagne électorale se fasse sur quelques cas particuliers. Nous pouvons nous exaspérer d’attendre de véritables propositions législatives permettant de préserver l’emploi pour TOUS les Lejaby Photowatt et Florange.
« Hollande a fait des proposition », me direz-vous. Certes mais Montebourg, poids lourd du PS était à Bourg-en-Bresse, également aujourd’hui, pour annoncer la création d’une nouvelle marque de lingerie qui allait réembaucher une cinquantaine d’ex-Lejaby. A-t-il oublié que seul le roi dispose du pouvoir de guérison ?
Face à cette course à l’image, car ces gesticulations (heureuse pour quelques centaines, stériles pour quelques millions) ne servent qu’à produire de l’image dans les 20h, il ne nous reste qu’à attendre et faire confiance. Attendre le scrutin et faire confiance au Français qui, en 1712 comme en 2012, n’ont jamais été dupe des pouvoirs surnaturelles de leur souverain…

vendredi 25 novembre 2011

Un centriste a déjà gagné la présidentielle


Tandis que François Bayrou annonce sa candidature à l'élection présidentielle, un autre centriste fini de peaufiner sa victoire. Jean-Louis Borloo est en effet le grand vainqueur du suffrage de 2012, car il gagne sans connaître le résultat des urnes. Il ressort en position de force quel que soit la couleur du prochain président de la République.
La situation peut se résumer en deux cas de figure :
Premier cas, la victoire de François Hollande. Les sondages actuels placent cette hypothèse comme la plus probable. Jean-Louis Borloo peut alors se positionner comme le rénovateur de la future droite d'opposition. Centriste, il peut alors déclarer l'échec du système Sarkozy qui, durant 5 ans, s'est tourné vers l'électorat de la droite dure, voire de l'extrême droite, pour construire son socle. Partisan d'une « droite humaniste et sociale », Jean-Louis Borloo deviendra le nouveau représentant d'une droite qui avait prédit l'échec du président sortant mais qui était restée fidèle. En effet, et contrairement à Chevènement en 2002, en retirant sa candidature, il se préserve d'une mise au ban de la droite pour cause de division. Restera en face de lui des personnalités comme Copé ou Lucas qui, pour le premier, représentera sans doute trop l'échec de la droite ; et pour le second, un virage vers l'extrême droite stérile et désavoué par l'électorat traditionnel de l'ex-RPR.
A noter que dans l'improbable victoire du Front National, la position du leader radical est la même. Il se placera comme le futur artisan de la reconstruction d'une droite traditionnelle et républicaine.
Contrer Jean-François Copé
Second cas, la victoire de Nicolas Sarkozy. Cette situation pourrait bien permettre à l'ancien ministre de l'Ecologie d'accéder à l'Hôtel de Matignon. En retirant sa candidature avant même le début de sa campagne, Jean-Louis Borloo se positionne comme un des artisans de la victoire présidentielle. De plus, il laisse libre court aux spéculations sur le poids de son ralliement qu'il pourra alors majorer par rapport au pourcentage réel de bulletins qu'il aurait obtenu face aux urnes. En se présentant comme fidèle malgré les divergences, il offrira au président un soutien dont il aura bien besoin pour faire face aux jeunes loups de son propre parti qui n'attendront pas 2016 pour commencer à se positionner comme futur leader de la droite. Enfin, il permettra surtout à Nicolas Sarkozy de contrer un Jean-François Copé qui n'attend qu'une chose, faire du Sarkozy à la place de Sarkozy (Voir la position du ministre de l'Intérieur entre 2004 et 2007).

jeudi 24 novembre 2011

Train Corail pour… confort et rail

J'ai eu récemment l'occasion de prendre un train corail pour me rendre dans l'Est de la France. Ce type de train, malgré un nouveau nom : Intercités, est surprenant par sa vétusté. Aucune modernisation, pas même un petit rafraîchissement de l'habitacle. Quand on monte dans un corail on se retrouve immédiatement plongé dans les années 80-90. Le design, les couleurs,… La mode de l'époque était ce qu'elle était. Ces voitures qui ont été mise en service entre 75 et 89, ont, pour certains modèles, été modernisées… Il y a en 16 ans.

Le train est à quai. Je me présente devant la porte qui, avant, devait avoir une couleur orange vif. Je m'appuie sur le marchepied qui doit bien laisser un fossé de 15 ou 20 centimètres d'où l'on peut contempler le ballast. A priori, il ne devrait pas avoir trop de personnes âgées dans mon train.

Me voilà dans le wagon, il me faut maintenant trouver ma place. Je lève les yeux et m'apprête à calculer comme dans n'importe quelle rue : pair d'un côté, impair de l'autre. Perdu ! À ma droite les places M-M, 13-11, 18-12, 23-21 etc. À ma gauche, M-M, 15-17, 16-14 etc. J'ai bien fait d'arriver en avance…

Voilà mon fauteuil. Je m'assois. En m'enfonçant toujours plus profondément dans la mousse ramollie comme le vieux divan qui trône chez mes grands-parents, je prends conscience du nombre vertigineux de postérieurs qui ont atterri là où le mien vient de se poser…

Je chasse cette idée ! Vu l'heure (21h), j'ai tout intérêt de faire un petit somme pour accélérer la fin de ce voyage. Peine perdue. Les fauteuils n'ont pas de position inclinée (le divan de mes grands-parents non plus) et le bruit dissuaderait la plupart des insomniaques. Enfin, la porte du sas donnant sur le hall d'entrée ne ferme plus ; ce qui génère un courant d'air froid désagréable. Courant d'air lui-même alimenté par les grilles, situées au niveau des jambes, qui devaient, dans un autre temps, être des chauffages.

Tant pis, je lirai la presse sur mon smartphone. Une lecture toutefois limitée, il n'y a naturellement pas de prise électrique. Face à ce tableau, plutôt glauque (je voyage de nuit), il ne manquait plus que la petite note finale. Celle que tout bon polar ne manque pas de placer quelques parts. Celle qui ne permet plus de douter sur le côté abandonner du lieu… J'ai nommé : le néon en fin de vie qui scintillera durant tout le voyage !

Pour l'anecdote, j'ai même remarqué que les étiquettes indiquant que cette voiture était non-fumeur n'avaient pas été enlevées… Voici donc une pièce du savoir-faire ferroviaire français qui a toute sa place dans un musée.

Bon voyage