lundi 10 octobre 2011

Adroite ou maladroite

Quand Jean-François Copé explique, au journal télévisé, le soir du premier tour des primaires socialistes, que le nombre de votants à ce nouvel exercice démocratique ne représente que 4% des électeurs ; personne ne s'étonne. Comparés aux propos d'autres leaders de droite, saluant cette méthode de désignation et son « succès relatif », ceux du chef de l'UMP peuvent être perçus comme décalés. Mais finalement, personne n'en attendait moins de la part du parti de la majorité.
Il est d'ailleurs plus surprenant d'entendre François Fillon, de bonne fois, expliquer l'intérêt de ce « processus moderne » de désignation. Le Premier ministre est bien sûr en droit d'approuver le système des primaires. Mais qu'il le fasse la semaine où le PS propose aux Français de venir aux urnes pour désigner leur futur champion est étonnant.
En effet, le processus des primaires semble aujourd'hui faire la quasi-unanimité dans l'Hexagone. Politisés ou pas, les Français semblent valider ce nouveau système de désignation qui réouvre la politique en s'affranchissant des sphères militantes. La majorité ne peut donc qu'observer cet engouement vis-à-vis d'un système dont elle est privée pour cause de président sortant. La situation est donc délicate car critiquer l'exercice, c'est prendre le risque d'aller à contresens de la volonté générale et même des statuts de L'Union pour un mouvement populaire (cf Copé). Rappeler que L'UMP dispose déjà de cet outil de désignation est également risqué. Un document n'a jamais autant de poids qu'une action. Il est facile de se demander pourquoi l'UMP n'a jamais réalisé de primaires. L'effet « moi je... » peut aussi agacer les Français qui, quelle que soit leur opinion, apprécie le retour à de vrais débats d'idées à gauche (Le succès des émissions retransmettant les échanges entre les 6 candidats l'atteste). Enfin, saluer l'exercice peut apparaître comme surprenant à 6 mois du scrutin présidentiel. N'est-ce pas donner le bâton pour ce faire battre? N'y a-t-il pas une once de défaitisme dans ce discours?
Bien sûr la droite aura ses primaires. Bien sûr l'exercice n'est pas réservé aux partis de gauche. Mais à l'heure où le président sortant est au plus bas dans les sondages. Au lendemain d 'une défaite historique au Sénat. A la veille d'un combat qui sera sans aucun doute difficile et serré. Voir certains leaders de droite et le second personnage de l’État féliciter le futur adversaire indique qu'ils ont peut-être déjà baissé pavillon pour le round de 2012. En revanche, leur attitude révèle sûrement qu'ils se positionnent déjà pour celui de 2017.
Pierre Silvain

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