Syrte, après plus d'un mois de siège. (Photo DR) |
Sur la photographie ci-dessus, chacun peut constater l'ampleur des combats et les conséquences sur une ville comme Syrte. Pouvons-nous nous contenter de mots, de qualificatifs, pour réaliser l'ampleur de ce qui s'est passé là-bas ? Pouvons nous faire confiance à notre seule imagination pour se représenter la destruction qu'engendre un mois de siège? Non. Il n'y a que l'image qui nous permet d'évaluer et de comprendre ce qu'ont pu vivre les habitants de Syrte et les combattants des deux camps.
Devant les yeux de tous
Je pense que ce qui est valable pour cette ville l'est aussi pour la chute d'un dictateur. Et je ne parle même pas de la fonction de ces images pour la population libyenne elle-même. En effet, après 42 ans de règne, l'image du cadavre de Kadhafi donne aux Libyens la garantie qu'une page se tourne.
En revanche, je suis surpris du peu de précautions que certains confrères ont pris pour diffuser ces images. Bien qu'elles soient, à mes yeux, indispensables pour la compréhension de ce qui se trame de l'autre côté de la Méditerranée ; elles ne peuvent évidemment par être mis devant les yeux de tous.
Voir le cadavre de Kadhafi doit résulter d'une volonté propre et ne doit pas être imposée. Quand un individu décide de regarder les actualités télévisées, d'ouvrir un journal ou d'aller sur des sites d'informations, il fait le choix implicite de se confronter à la réalité. En revanche, mettre le cadavre de Kadhafi en Une d'un journal ou d'un portail web du type Yahoo, Orange etc, c'est l'imposer. C'est obliger la population à se confronter avec l'horreur sans lui demander son avis... Ni son âge.
Informer ne doit pas se faire avec le souci de protéger son lectorat ou son audimat. J'en suis persuadé. Mais l'information, particulièrement dans ce cas précis, ne peut pas être diffusée sans le souci de protéger les plus jeunes. L'actualité n'est pas et ne sera jamais tout public. Elle mérite de savoir prendre du recul. De la distance par rapport aux propos comme aux images.
Pierre Silvain
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