mardi 25 octobre 2011

Grèce, le remède qui tue (1re partie)

Les Européens, et le reste du monde, observent depuis plusieurs mois les râles de l’économie grecque et l’attitude des responsables de l’UE postés et prostrés, à son chevet. Cette situation, décrite comme le déclencheur potentiel d’une crise mondiale plus grave que celle qui a frappé l’économie mondiale en 2008, effraie et inquiète par ces conséquences sur les marchés, son impact sur la croissance du PIB, sur le moral des industrielle, sur les perspectives conjoncturelle...  L’ensemble du dictionnaire d’économie pourrait être décliné.
Un mot, en revanche, revient partout : austérité. Les Grecs doivent se serrer la ceinture. A priori, cela semble légitime. Ils se sont mis dans la m… Nous (Européens) devons les aider. Il faut donc que ces cigales apprennent à devenir des fourmis et PAYENT les efforts que nous devons faire à leur place.

Les écoles publiques ne reçoivent plus de manuels scolaires

Ce discours, véhiculé par nos représentants est inique et absurde. Il est inique car il passe sous silence les efforts terribles que la société grecque a déjà consenti. En effet, vivre en Grèce en 2011, c’est avoir accepté en moins d’un an :
- Une réduction des salaires et des retraites atteignant jusqu’à 30 % ;
- Une baisse du salaire minimum à 600 euros ;
- Une hausse des prix au cours des quinze derniers mois (fioul domestique : + 100 % ; essence : + 100 % ; électricité, chauffage, gaz, transports publics : + 50 %).
- Près d’un tiers des commerces du pays ont fermé leurs portes. Sur ceux qui ont pour l’instant survécu, 30 % ne sont plus en mesure de payer les salaires.
Un juriste viennois, disposant d’une résidence en Grèce, interrogé par Courrier International s’insurge face à la situation : “ pour déposer une plainte au commissariat, il faut payer sur-le-champ 150 euros. Dans le même temps, les policiers sont obligés de se cotiser pour faire le plein de leurs voitures de patrouille. Un nouvel impôt foncier, associé à la facture d’électricité, a été créé. S’il n’est pas payé, l’électricité du foyer est coupée. Depuis plusieurs mois, les écoles publiques ne reçoivent plus de manuels scolaires, l’État ayant accumulé d’énormes dettes auprès des maisons d’édition. On ignore comment les écoles – surtout celles du Nord – vont régler leurs dépenses de chauffage. ”

Un recul de plus de 12 % en 4 ans

Les décisions, prises dans un laps de temps aussi court, ont eu des conséquences catastrophiques sur la société. Certains chiffres, publiés récemment, font froid dans le dos. Depuis le début de l’année, le nombre de suicide a augmenté de 40 % par rapport à la même période en 2010. Le taux de chômage a doublé en deux ans, à plus de 16 %.
Face à ce bilan, il apparaît déplacé de critiquer les efforts consentis par les Grecs pour que les autres Européens consentent à leur faire… Un prêt.
Le plus ubuesque et tragique dans cette situation n’est pourtant pas là. En effet, les décisions en matière d’austérité exigées par les partenaires de la Grèce vont avoir des conséquences diamétralement opposées à celles espérées initialement. En obligeant l’État Grec à faire des économies, l’objectif était d’assainir ses finances pour lui permettre de sortir de la spirale de l’emprunt. Mais les exigences ont été telle, qu’elles ont pour l’instant comme seul résultat la destruction de l’économie du pays. Le PIB a reculé de 2 % en 2009, 4.5 % en 2010, 5.5 % en 2011 et les prévisions indiquent un recul de 2.5 % pour l’année 2012 (chiffre plutôt optimiste). Soit un recul de plus de 12 % en 4 ans !
Sachant que les rentrées fiscales d’un État sont fonction de la croissance du pays, comment Athènes pourrait décemment rembourser sa dette dans cette situation ?
Pierre Silvain

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