mardi 11 octobre 2011

Démondialisation ou des mondialisations

Avec le premier tour des primaires du PS et l’éclosion sur la scène politique d’Arnaud Montebourg, des idées politiques peu répandues ou faiblement médiatisées sont entrées dans la lumière du débat politique national.
Le plus important concept est bien sûr celui de démondialisation qui, depuis dimanche 9 octobre, alimente abondamment les discussions et les pages des journaux. Mais que cache ce terme ? En premier lieu, le terme peut être perçu comme l’opposé de la mondialisation. Comme l’antimatière face à la matière. L’Homme mondialiserait et démondialiserait comme il monte et démonte un mécano. Malheureusement ou heureusement, question de point de vue, le concept défendu par le député de Saône-et-Loire n’est en rien une déconstruction méthodique du système économique, financier et social qui régit la planète.
Démondialiser consiste à travailler sur deux points fondamentaux du système économique. D’abord, relocaliser les entreprises et les emplois. Ce type de politique n’est possible que dans un espace qui réalise en interne plus de la moitié de ses échanges. En effet, l’incitation à recentraliser passe par une taxation des marchandises produites à l’extérieur de cet espace. Or, dans le cas de la France, chacun peut relever que la balance commerciale est déjà largement déficitaire. Une politique protectionniste à l’échelle française provoquerait une hausse des prix généralisée et une réaction de nos partenaires européens qui ferait exploser le déficit commercial. En mettant en place des barrières douanières aux frontières du continent, l’Europe, qui réalise près des deux tiers de ses échanges en interne, protégerait efficacement son économie et son modèle basé sur une forte protection sociale. Ce système pourrait indirectement favoriser l’environnement et réduisant les transports de marchandises. "Produire à 20 000 kilomètres n’a aucun sens à un moment où l’atteinte à l’environnement est devenue un problème pour chacun des habitants de la planète", explique Arnaud Montebourg.
La démondialisation, c’est aussi « Sécuriser la finance : reréguler avec force le système financier pour éviter les dérives qui ont conduit à la crise. » L’objectif ne peut se réaliser qu’avec un accord mondial. Les flux financiers ne pourront être maîtrisés que si les plus grandes puissances économiques mondiales s’entendent. La mise en place d’une taxe Tobin, si elle n’est pas globale aura pour conséquences de faire fuir le capital et par conséquent de mettre en difficulté l’économie réelle.
La finalité de la démondialisation comme le mot peut faire penser à tort n’est pas de revenir en arrière mais de proposer un système économique mondial basé sur des grands ensembles économiques intégrés dans lesquels les règles de la mondialisation pourraient fonctionner mais qui offrirait l’avantage de protéger les différents espaces de la concurrence extérieure. Les protectionnismes nationaux du 19e et 20e siècles avaient pour mission de protéger les économies nationales de la concurrence extérieure afin de lui laisser le temps de se développer et de devenir suffisamment compétitive. La démondialisation est un protectionnisme qui permettra aux économies européennes de se protéger le temps que les autres grands ensembles économiques mondiaux les rejoignent en matière de protection sociale et de niveau de salaire.
Pierre Silvain

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