mercredi 2 novembre 2011

Redistribuer les cartes

L'entrée de la Palestine en tant que membre à part entière à l'Unesco révèle ou confirme un changement important de la géopolitique mondiale. En votant favorablement par 107 voix pour 52 abstentions et 14 contre, les pays membres de l'Organisation des nations unies pour l'éducation la science et la culture, ont fait fi des conséquences directes qu'engendrerait ce scrutin.
En effet, les États-Unis ont immédiatement réagi en suspendant leur participation à l'organisation. Soit un manque à gagner de 60 millions de dollars que le Département d'État devait verser en Novembre. Soit plus de 17 % du budget total de l'Unesco.
Mais en coulisse de l'organisation onusienne, ce vote est sans aucun doute une nouvelle défaite de la diplomatie américaine sur le dossier israelo-palestinien. En effet, cette reconnaissance internationale de la Palestine comme un État révèle que les USA n'ont plus l'influence et les moyens de pression dont ils disposaient auparavant.
Perte de crédibilité
Il faut noter également que l'intégralité des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) a voté favorablement à cette adhésion. Plus qu'un symbole, ce vote des nouvelles puissances dans le sens d'une plus grande reconnaissance de la Palestine illustre l'affaiblissement de la première puissance mondiale sur ces partenaires économiques et stratégiques. Cette nouvelle étape, après le camouflet de la déclaration de candidature de la Palestine pour devenir un État membre à part entière des Nations Unies, accentue la perte de crédibilité américaine, et plus largement occidentale, sur la scène diplomatique mondiale.
L'arrivée d'Obama à la Maison Blanche avait fait espérer d'une diplomatie plus nuancée des USA sur le Proche-Orient. Trois ans après, les faits indiquent le contraire. La position américaine restant partiale, le règlement de ce conflit pourrait bien passer par d'autres capitales comme Brasília, Pékin ou Moscou. À moins que ce conflit qui dure depuis plus d'un demi-siècle ne se transforme en nouvelle zone de cristallisation des tensions entre anciennes et nouvelles grandes puissances.
Le vote de l'Unesco révèle finalement plus la distance que semble vouloir prendre les BRIC vis-à-vis des États-Unis, que le rapprochement de la Palestine vers un statut d'État reconnu à l'ONU. Mais, Mahmoud Abbas a bien perçu cette volonté et compte bien exploiter au maximum cette redistribution des cartes.
Pierre Silvain

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