lundi 7 novembre 2011

Bientôt un Iran nucléaire ?

Le printemps arabe et la crise financière ont mis cette question en retrait. Mais depuis quelques jours, elle revient au galop. Selon le Washington Post, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) devrait révéler, dans son prochain rapport, que l'Iran maîtriserait l'  "ensemble des étapes nécessaires à la réalisation une bombe nucléaire ". Le journal israélien Haaretz, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense Ehud Barak auraient déjà acté une attaque préventive contre la République Islamique. À Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, considère qu'une intervention militaire serait " une grave erreur " aux "conséquences imprévisibles".
Mais empêcher l'Iran de se doter du feu nucléaire est-il réellement impératif ? Une arme nucléaire iranienne bouleverserait sans aucun doute les géostratégies au Moyen-Orient. En effet, Israël serait, pour la première fois de son histoire, sous la menace directe d'une destruction. Mais il n'est pas pour autant évident que, disposant de la bombe atomique, les responsables iraniens s'empresseraient de s'en servir. En effet, ce changement obligerait sans doute l'État hébreu à changer sa politique diplomatique dans la région. Mais, à l'image de l'équilibre de la terreur qui a permis d'éviter une nouvelle guerre en Europe pendant les années 60 et 70, l'arme atomique iranienne obligera les deux puissances régionales à se mettre autour d'une table plutôt que devant les cartes d'état-major.
Téhéran doit, par ailleurs, faire face à une large contestation intérieure depuis les dernières élections présidentielles de juin 2009. Entachées d'irrégularité, elles ont permis à Mahmoud Ahmadinejad de réaliser un second mandat. Cette situation intérieure, bien qu'étouffée, est un danger bien plus important, pour les ayatollahs, que les menaces extérieures. Porter la responsabilité du déclenchement d'un conflit potentiellement nucléaire pourrait réveiller cette contestation qui provoquerait l'éclatement de la société iranienne. Le phénomène d'union sacré ne serait sans doute pas aussi fort qu'en cas d'agression du pays. Au contraire, la responsabilité du régime serait montrée du doigt.
L'Iran nucléaire ne représente donc pas un risque majeur d'apocalypse. Il est important de se souvenir que L'inde et le Pakistan (allié traditionnel de la Chine) sont tout deux des puissances nucléaires. Or cette nouvelle donne n'a pas rendu cette frontière plus dangereuse… Au contraire. L'arme nucléaire a, dans cette région, permis d'apaiser les relations Indo-pakistanaise.
Il faut enfin remettre en perspective ce que veut dire " ensemble des étapes nécessaires à la réalisation une bombe nucléaire ". La Corée du Nord, qui dispose de la technologie pour fabriquer des armes nucléaires (elle a procédé à son premier essai en 2006), n'en est pas pour autant une menace plus grande.
La dissuasion nucléaire est aujourd'hui plus que jamais un outil de pression diplomatique plus qu'une arme militaire. Reste à savoir comment Téhéran utilisera ce nouveau potentiel diplomatique.

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