jeudi 3 novembre 2011

Grèce, le remède qui tue (2e partie) : la tragédie grecque

Il y a une semaine, à l'issue de négociations acharnées, les responsables politiques de l'eurozone, validaient un plan de sauvetage de la Grèce assorti d'un renforcement du Fond européen de stabilité financière.
Pour faire simple, ce plan vise à faire disparaître la moitié de la dette d'Athènes auprès des banques ; soit 100 milliards d'euros. Parallèlement, les pays de la zone euro engageront 130 milliards d'euros, sous forme de prêts.
Après une nuit de négociation, les leaders européens se félicitaient, jeudi 27 octobre, d'avoir résolu la crise. Un engouement qui précédait l'euphorie des bourses qui regagnaient parfois jusqu'à 6% avec des pics pour les valeurs bancaires atteignant près de 20% en une journée.
Cette suppression d'une partie du passif grec révèle que les responsables européens ont compris que la pire des austérités ne serait pas suffisante pour redresser la barre des finances grecques et qu'elle ne faisait qu'aggraver la situation. Il est d'ailleurs cocasse de constater que cette effacement de dette, aujourd'hui défendu par le chef de l'Etat, avait été prôné le 18 septembre par le directeur général du FMI : … Dominique Strauss-Kahn. A l'époque François Fillon avait qualifié cette idée "d'irresponsable" et affirmé que cela reviendrait à ce "que le laxisme budgétaire d'un Etat soit financé par les autres".
Retour case départ
Mais tel oedipe face à son destin, la Grèce n'est toujours pas sortie d'affaire. Alors que l'on pensait que le plus délicat était derrière nous, le Premier ministre hellène annonce que l'accord européen sur la dette grecque fera l'objet d'un referendum, remettant en question la totalité du sauvetage qui devait stabiliser les marchés européens et mondiaux... Retour case départ.
Bien que l'idée d'interroger la population sur ce nouveau plan d'austérité semble légitime, elle ne peut pas être proposée maintenant. On ne demande pas à une victime d'accident de la route si elle préfère l'hôpital ou la clinique...
«Enlevez l'euro aux Grecs»
Cette décision qui a surpris la communauté internationale ne fait qu'entretenir un ressentiment sur la Grèce de la part de ces partenaires. Les déclaration de Sarkozy et Merkel, la veille du G20, l'atteste : "Il faut que l'euro reste stable, nous souhaitons atteindre cet objectif, de préférence avec la Grèce plutôt que sans la Grèce, mais la mission première est de conserver l'euro comme monnaie stable", a déclaré Angela Merkel à l'issue d'une réunion sur la Grèce à Cannes. "Nous souhaitons poursuivre l'euro et l'Europe avec nos amis Grecs. Nous avons tout fait pour cela, absolument tout fait, mais il y a des règles qui fondent le pacte de solidarité. C'est au Grecs et à eux seuls maintenant qu'il appartiendra de décider s'ils souhaitent continuer l'aventure avec nous ou pas", a renchérit le Président français. Des propos mesurés mais clair. Si la Grèce vote non elle se débrouillera seul. La presse d'outre-Rhin est beaucoup moins mesurée : «Enlevez l'euro aux Grecs», titre Bild qui poursuit : «Maintenant, ça suffit! Nous garantissons des centaines de milliards d'euros pour sauver les Grecs en faillite, et maintenant, ils veulent d'abord décider par référendum s'ils vont faire des économies. Madame Merkel, nous voulons aussi un référendum! Nous voulons aussi décider si nous continuons d'aider les Grecs avec des milliards». Quelle que soit la sortie de crise, le grand perdant sera la population grecque qui, en plus de difficultés économiques inédites depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, va devoir supporter un ressentiment du reste de l'Europe. Cette conséquence, elle, ne s'effacera pas aussi vite qu'une centaine de milliard d'euros de dette.

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